Il intéressant de juxtaposer ici la personnification de deux états. La confédération helvétique représentée par Helvetia au tout début du XXe siècle : une belle femme à la longue chevelure, vêtue d'une tunique moulante inspirée de l'antiquité. Elle semble voler, le bras levé, des étoiles irradiant tout autour de sa personne, façon "wonder woman" - d'une part. La république populaire de Chine incarnée par la figure de chairman Mao, fier, le poing serré, comme prêt à en découdre pour ses idées et le bien de tous, torse bombé façon "super hero" - d'autre part...
Ces deux cahiers regroupent un festival de badges retraçant l'épopée de l'homme, puis du leader, Mao. Ces images sont fascinantes, car tout en contribuant à perpétuer le culte de la personne, elles permettent de décrypter un vocabulaire didactique et politique mis en place pour les masses.
Il est intéressant de remarquer que les badges Mao ont été parfois remplacés par d'autres, au cours de l'histoire contemporaine. En 2003 et pendant l'épidémie du SARS, la promiscuité de la vie dans les dortoirs de l'université de Pékin faisait que les étudiants étaient strictement surveillés. Dans la rue, les chauffeurs de taxi exhibaient une pancarte sur laquelle on pouvait lire "Désinfecté" et les autres des badges "NO SARS". La vie des badges et de leur langage n'est donc pas terminée.
Beaucoup de détails peuvent être lus sur ces images qui datent de l'époque de la Révolution culturelle. On y trouve des scènes incontournables de la vie à la campagne - travaux divers, ouvrages, réunions de groupe, etc. On découvre aussi le costume correct qui mélange le port d'une tunique traditionnelle sur un pantalon et permet le travail aux champs. De nouveaux codes apparaissent également comme ceux des tournesols brodés - symboles de ceux qui suivent le soleil - Mao. Le sourire omniprésent encore, affiché de manière évidente, preuve ultime du bonheur populaire. Heureuse période en somme...
L'inauguration du pont, oeuvre de l'époque de la Révolution culturelle, s'est manifestement fait en grande pompe à la gloire du Régime. Le premier convoi à l'avoir traversé portait même la figure du grand timonier. Le plus savoureux dans ces images reste probablement le modèle des bus, la tenue des passants et les quelques maisons qui ont échappé à la destruction, en bas des piles du pont.
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