Aux XIXe et XXe siècle on collectionne des « curios » - ainsi nommés, à juste titre, puisqu’ils suscitent la « curiosité ». Ces objets exotiques en provenance de Chine ou du Japon, ornés de décors fantaisistes, façonnés dans divers matériaux, dont certains encore méconnus, subjuguent les Occidentaux. Ils provoquent un engouement pour l’Asie, envoûtent les amateurs et influencent profondément les arts graphiques européens.
L’Asie réelle, imitée ou fantasmée devient l’un des sujets favoris. On l’utilise souvent aussi à dessein, au même titre que les « singeries », pour faire passer des messages moqueurs ou critiques de la société et des grands de ce monde. En attendant la rencontre culturelle véritable, plusieurs siècles s’écouleront. Pendant ce temps, nombre de productions artistiques européennes amusantes verront le jour, dessinant des contrées rêvées où toutes les excentricités sont permises !
Les expositions universelles ou coloniales ont aussi grandement contribué à construire une image biaisée de l'Asie.
Dans les premières décennies du XXe siècle, les femmes européennes se rêvent un peu orientales. Cette tendance se trouve largement exploitée par les créateurs de mode, de textiles, d'ameublement et de cosmétiques qui leur apportent ce parfum exotique qui les séduisent tant!
Pendant la période des Années folles, la Chine et le Japon étaient particulièrement "tendance". Dans le domaine de la mode, la suppression du corset et l'avènement du kimono ont libéré le corps de la femme. Dans la décoration d'intérieur, les papiers peints et les textiles d'ameublement se parent de lotus et de pivoines multicolores. Les femmes jouent à se dissimuler derrière des éventails ou des paravents. Il n'est donc pas si étonnant de découvrir que le numéro du mois de juin 1931 consacré à la mode du début de l'été présente une femme dont le visage rappelle les traits de Bouddha en train d'admirer des petits poissons dorés de Chine...
Le motif dit "du saule pleureur" est une interprétation anglaise libre d'un décor chinois. Si on ignore son auteur original, cette composition a ensuite connu un tel succès qu'on la retrouve sur des services du XVIIIe siècle à nos jours. Quelle belle surprise d'en découvrir un exemple au fond d'un carton de pucier!
"Bob in China" est un livre de conte rédigé en langue néerlandaise et publié dans les années 1890. Il fait le récit des aventures d'un jeune homme dans un empire encore bien mystérieux. Cet ouvrage richement illustré d'images colorées rehaussées d'or a du faire vibrer l'imagination de bien des enfants.
Il existe de véritables "bijoux" de cette rencontre est-ouest comme c'est le cas de Tarzan et les Chinois qui date de 1938. Quelque peu prémonitoire, cet épisode raconte comment, au beau milieu de l'Afrique, Tarzan découvre soudain une civilisation inattendue, isolée par une grande muraille... Entre le mythe du bon sauvage et les fantasmes sur les Chinois, ce récit mériterait certainement une étude plus poussée.
Tarzan, qui s'est introduit illégalement dans le royaume interdit, est condamné à mort. Toutefois l'empereur, magnanime, décide que la peine ne peut être exécutée tant qu'il n'aura pas appris le Chinois pour saisir pleinement le sens de son châtiment. C'est donc la jeune princesse qui se charge d'instruire le prisonnier. Elle succombera aux charmes de l'homme-singe et lui, sauvera l'empire de ses ennemis - ce qui lui vaudra finalement la vie sauve.
La manufacture de porcelaine située à Langenthal débute sa production en 1906. Cette maison proposait surtout, dans un premier temps, des services destinés à l'hôtellerie et à la restauration avant de créer des modèles qui sauront aussi conquérir les ménages helvètes. On y trouve des gammes extrêmement variées, des décors asiatiques en vogue dans l'entre-deux-guerres, aux motifs ruraux reflétant la vie simple et tranquille de la campagne suisse. Pour beaucoup, ces dessins rappellent encore les tables garnies de leurs grand-parents.
Dans la première moitié du XXe siècle et suivant la vague de la mode européenne pour tout ce qui était exotique, les fours japonais ont produits de nombreux services à thé destinés à l'exportation.
Le jeu des couleurs et des motifs de la soucoupe qui suggère un soleil rouge dont les rayons irradient faisant allusion au drapeau japonais n'est certainement pas fortuit. En outre, les particularités du dragon au regard ténébreux, abrité sous d'épais sourcils, est typique du répertoire nippon, emprunté à un genre chinois du XIIe siècle.
La Chine et le Japon continuent d'exercer une fascination certaine, ce qui explique que l'on crée toujours et encore des objets à motifs s'y référant.
Il est possible de relever ici, comme bien souvent, une tentative d'adaptation ratée de la marque pour se rendre disponible à l'exportation. En effet les "Petits pandas" ont été traduits en anglais par "Lesser panda".
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